Critique de la Raison Universitaire

J'ai eu ces derniers temps une conversation avec une amie au sujet de mes hypothèses sur l'église de Tayac, et elle ne trouvait pas mes hypothèses intéressantes parce que je ne citais pas de références bibliographiques.

Cette opinion que toute hypothèse qui ne serait pas assortie de références bibliographiques ne présenterait pas d'intérêt semble bien être l'héritage d'un courant médiéval de la pensée universitaire. J'ai entendu récemment à la radio que la scholastique médiévale avait le mérite d'avoir enseigné la logique à ses pratiquants. J'avoue que ça ne m'était pas tellement venu à l'esprit, mais à la réflexion, je comprends que le jeu d'argumentation et contre argumentation des disputes et disputations doctrinales ait pu développer un certain goût de la controverse à base d'arguments d'autorité venus des meilleurs textes des maîtres à penser.

On a créé alors une logique, un ensemble de règles de type mathématique fonctionnant ensemble de manière cohérente, et on a cru avoir trouvé là l'outil absolu pour connaître la vérité en toutes choses, puisqu'on y suivait l'enseignement d'Aristote et des Pères de l'Eglise.

C'est ainsi que l' Université de Paris décida très logiquement que Jeanne D'Arc était hérétique et s'arrangea logiquement pour que la Pucelle finisse sur le bûcher en 1431.

C'est le même esprit de raisonnement par les arguments des anciens maîtres qui maintint longtemps la médecine universitaire dans le carcan des doctrines d'Hyppocrate et de Galien, saignant les malades jusqu'à les faire mourir au nom des 4  humeurs.

Et au 19 ème siècle, c'est cette brillante logique universitaire qui poussa les médecins à pratiquer les accouchements juste après avoir disséqué des cadavres, et sans se laver les mains, occasionnant une mortalité importante par fièvre puerpérale.

C'est cette excellence universitaire qui provoqua la raillerie et le mépris général du corps médical envers le médecin obstétricien Ignace Philippe Semmelweis qui avait deviné et compris le rapport entre ces manipulations de cadavres disséqués et l'hécatombe des accouchées, et recommandé aux médecins de se laver les mains entre les dissections et les accouchements.

Les médecins, furieux, ont alors détruit sa carrière et sa vie, car leur infallible logique universitaire leur donna l'idée de le harceler jusqu'à détruire sa santé mentale et le faire enfermer chez les fous, où il fut semble t'il battu à mort par les gardiens, à l'âge de 47 ans.

Bien sûr, je suis conscient qu'on ne peux pas résumer la pensée universitaire à ses nombreux défauts et aux crimes historiques qu'elle a provoqué. Il a existé de tout temps des universitaires honnêtes, et même intelligents, mais combien ? dans quelle proportion ? c'est un grand mystère !